Chroniques d'une fin de vie

Chroniques d'une fin de vie

Jusqu'ici, tout va bien (ou presque)

Eh bien voilà, ça y est. Je suis arrivée avant hier en Belgique. Heureusement que j'ai eu droit à un accueil chaleureux, parce que les péripéties pour arriver à destination ont été nombreuses et peu plaisantes. Point positif néanmoins, pour une fois je suis parvenue à bon port le jour prévu ! Bref, je suis arrivée, j'ai repris un peu mes marques... et je suis morte de trouille pour le rendez-vous de demain.

 

Petite explication pour ceux qui prennent mon train en marche : ce 15 avril, je dois rencontrer un neurologue belge apparemment assez réputé à la demande du médecin qui a ma demande d'euthanasie entre les mains. Le but est de lui demander confirmation que ma situation n'offre plus de possibilité de soutien thérapeutique efficace.

 

J'aimerais faire un petit rappel pour les quelques personnes qui me lisent : être engagée dans une démarche de demande d'euthanasie ne signifie pas que plus rien ne m'atteint au niveau médical. Devoir m'entretenir avec un parfait inconnu en blouse blanche de mes douleurs, des capacités motrices et cognitives que je perds au fil des jours, bref, de tout l'intime de ma souffrance, ça n'a rien de plaisant ni d'anodin. Vraiment, je préférerais un pique-nique en forêt !

 

Par ailleurs, cet inconnu aura littéralement mon avenir entre les mains :

Soit il pense que tout n'a pas été tenté et on repart pour un tour, sachant qu'aucun médecin français ne souhaite continuer de s'investir dans mon dossier et qu'il y a de bonnes chances que je reste à g(al)érer seule avec mes proches, soit il estime qu'effectivement je suis au bout du chemin et... disons qu'avoir raison aura quand même un goût un peu amer. Oui, je sais, je ne suis jamais contente !

 

Quoi qu'il arrive demain, un nouveau pas dans l'inconnu sera fait. D'autres questions et d'autres réflexions naîtront. Et si je pourrai en aborder quelques-unes avec ceux que j'aime, la majeure partie leur sera scellée. Il y a une dimension tellement intime, tellement personnelle à tout ça, qu'aucun autre que la personne directement concernée ne peut y pénétrer. Et cette fois, râler ne changera rien à l'affaire, je devrai affronter cela seule, même si je sais pouvoir compter sur le soutien de Chéri, de Sandro et de Surahki

 

J'aimerais être forte. J'aimerais vous dire que je serai sur le champ de bataille, hache à la main, la tête haute. Mais la réalité, c'est que, quelle que soit l'issue de la discussion de demain, mon gentil hébergeur devra probablement sacrément faire le pitre pour me sortir de mon hébétude. Ce qui ne devrait pas poser problème, vu le bestiau !



14/04/2025
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